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Le pigeon super-héros de Jacky Schwartzmann

Il fallait le culot d'un Jacky Schwartzmann pour dépoussiérer définitivement la parabole animalière et rendre un pigeon drôle et sexy en diable. C'est fait, et c'est Plan de vol. L'ironie est signe d'intelligence suprême, et il y a quelque chose chez lui du « chiche ? » à défaut du « shit », ou du « même pas peur ».

Car quand il imagine un roman pour Faction, la collection qui ne prend pas les ados pour des cons, il dégaine une histoire d'animal qui devient un super-héros. Mouais... Sauf que les cons, ce seront les adultes qui auront tôt fait de conclure à la niaiserie. Non, ce n'est pas un hasard s'il prend un pigeon pour animal-totem... Car Tim est loin d'être con. Poussé du nid sous la pression démographique familiale, l'ado va devoir voler de ses propres ailes. Là. Tout de suite. Et il va non seulement trouver des moyens de subsistance en offrant ses services de livreur à un petit producteur local, les deux associés mettant sur pied un commerce florissant auprès d'une clientèle captive, mais il va aussi : 1 / tester (à fond) les avantages du capitalisme carnassier – au passage, petite révision du taylorisme et du fordisme, des mécanismes de fixation des prix selon la rareté des marchandises, notamment illicites 2/ sonder les mérites du communisme 3/ penser un modèle social prévoyant des principes de solidarité 4/ défaire un gang par la méthode de la réputation 5/ et finalement, dans la paix retrouvée, trouver l'amour... C'est curieusement dans les joies de la paternité et d'une installation presque conventionnelle que Tim « se posera » un peu, mais il nous aura proposé une sacrée réflexion sur les modèles économiques et sociaux, la liberté d'entreprendre et la responsabilité, le principe d'utilité et de nuisibles, et nous aura même rappelé, avec malice, que l'humain fait partie du règne animal. Loin d'être bête ! Et un régal. On en redemande.